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Café viennois

26 août 2013

SarahBernhardt



Sarah Bernardt
Sarah elle-même a usé de ses charmes à ses débuts pour se faire une situation, comme l'indique son inscription dans le « fichier des courtisanes » établi par la Préfecture de police de Paris.On ignore en revanche qui était son véritable père, Sarah ayant longtemps gardé le silence sur son état-civil. Elle eut au moins trois sœurs et souffrit en particulier longtemps de la préférence de sa mère pour sa jeune sœur Jeanne-Rosine, également comédienne. Dans le but de prouver sa citoyenneté française, condition nécessaire pour pouvoir recevoir la Légion d'honneur, elle se créa plus tard un faux acte de naissance en se déclarant fille de Judith van Hard et d'Édouard Bernardt qui selon ses différentes versions appartenait à une riche famille d'armateurs du Havre, ou y était un étudiant en droit. Certaines sources évoquent un officier de marine havrais, du nom de Morel.

Délaissée par sa mère qui choisit la vie mondaine à Paris, elle passe une petite enfance solitaire chez une nourrice à Quimperlé où elle ne parle que le breton. Le duc de Morny, l'amant de sa tante, pourvoit à son éducation en l'inscrivant dans l’Institution de Mlle Fressard puis en 1853 au couvent des Grand-Champs à Versailles où elle reçoit le baptême chrétien : la petite juive y suit des cours de sculpture, peinture (elle décrochera à seize ans un prix à l'Académie des beaux-arts) et verse alors dans le mysticisme catholique. Jouant un rôle d’ange dans un spectacle religieux au couvent, l'adolescente révoltée trouve sa vocation, le théâtre


C'est sans l'ombre d'un doute sa grande passion, elle l'aime autant que sa propre vie, et il le lui rend bien ! Sa renommée de comédienne va promptement devenir internationale. De nombreuses épithètes élogieuses lui sont décernées : La voix d'or, la divine, l'impératrice du théâtre. Elle vivait pour éblouir et magnétiser le public. Parmi les critiques de son temps, ses détracteurs purs et durs furent plutôt rares, donc, effectivement, tout cela peut nous amener à penser que le succès phénoménal que le public lui prodigua ne fut pas intégralement galvaudé. Dans son ouvrage, "Les Contemporains", Jules Lemaître a écrit : "Plus que toute autre, elle aura connu la gloire énorme, concrète, enivrante, affolante, la gloire des conquérants et des césars. On lui a fait, dans tous les pays du monde, des réceptions qu'on ne fait point aux rois." En 1896, le Tout Paris lui consacra une fête grandiose : la journée Sarah Bernhardt ! Ce jour là, l'échappée lyrique d'Edmond Rostand en l'honneur de Sarah surprit l'auditoire et passa à jamais à l'immortalité. Dans la salle les bravos crépitèrent et Sarah Bernhardt fut canonisée à la postérité.

Voici le sonnet de Rostand : 


"En ce temps sans beauté, seule encore tu nous restes
Sachant descendre, pâle, un grand escalier clair, 
Ceindre un bandeau, porter un lys, brandir un fer,
Reine de l'attitude et Princesse des gestes.

En ce temps sans folie, ardente, tu protestes!
Tu dis des vers. Tu meurs d'amour. Ton vol se perd.
Tu tends des bras de rêves, et puis des bras de chair.
Et, quand Phèdre paraît, nous sommes tous incestes.


Avide de souffrir, tu t'ajoutas des coeurs;
Nous avons vu couler - car ils coulent tes pleurs! - 
Toutes les larmes de nos âmes sur tes joues.

Mais aussi tu sais bien, Sarah, que quelquefois
Tu sens furtivement se poser, quand tu joues,
Les lèvres de Shakespeare aux bagues de tes doigts."


Puisqu'il faut bien définir son style théâtral, chez Sarah Bernhardt, il s'agit bien sûr du lyrisme… Lyrisme si cher à Sarah, ainsi que le confirme Cocteau et si opposé au style naturel de notre époque. Les spectateurs adoraient que les comédiens clament leurs vers, et la " déclamation musicale " les enchantait. Nous le concevons fort aisément, Sarah vit alors dans l'époque du Romantisme et joue des rôles romantiques à souhait, d'ailleurs elle devient l'un des brillants symboles de ce courant… Tous ces superlatifs peuvent paraître fastidieux mais n'y voyons aucune étrangeté, puisqu'elle nous a laissé en héritage l'adjectif sarah-bernhardesque ! Il aurait été manifestement plus sympathique de vivre à son époque pour mieux la connaître. Son répertoire théâtral est si diversifié que l'on peut, sans prétention le qualifier d'encyclopédique. Cette comédienne complexe et ambiguë révèle dans les rôles masculins d'Hamlet et de l'Aiglon des dons de transformisme et d'androgynisme étonnants. Ne l'a t'on pas surnommé " la sphinge " (forme féminine de sphinx) ! 

Sarah Bernhardt révèle quelques "ficelles de son art, son approche du rôle et nous confie "On m'a demandé bien souvent combien d'heures je travaillais par jour. Je n'ai jamais travaillé un rôle. Je travaille le mécanisme, je l'apprends par coeur, mot à mot : je mâche, je triture les phrases de manière à en être absolument maîtresse dans la rapidité du dialogue, mais une fois que je sais parfaitement mon texte, que je le tiens par l'articulation, je ne m'en occupe plus. Tout ce que je dois donner dans la douleur, la passion ou la joie, je le trouve à la répétition dans l'action même de la pièce. [...] On ne doit pas chercher une pose, un cri, rien! On doit tout trouver là en scène, pendant l'effervescence du travail général." Dès que l'osmose avec le public réapparaît, cette complicité si particulière à la fois charnelle et spirituelle, l'artiste ressent de toutes ses fibre les signes du succès et elle s'exclame aussitôt la pièce terminée "le dieu est venu". 

Parmi ceux qui lui donnèrent la réplique, nommons: Réjane, Mlle Agar, Marie Colombier, Marie Favart, Sophie Croizette et Jane Harding chez les dames. Mounet Sully, Lucien Guitry père du célèbre Sacha, les frères Coquelin: Constant, l'aîné et Ernest, le cadet ainsi que De Max furent ses partenaires de scène...
Chez les célèbres acteurs de ce temps là, citons Henry Irving dont Sarah mentionna le nom dans ses " Mémoires".
Parmi les grands artistes internationaux : la célèbre tragédienne Eléonora Duse, qui a excellé dans le répertoire du dramaturge suédois Ibsen. Et plus proche de nous, chez les jeunes recues: Marie Marquet, l'ultime maîtresse d'Edmond Rostand, amie et protégée de Sarah joua dans son dernier rôle "La Voyante".

Hugo et Rostand arrivent au firmament des favoris. Victor Hugo fut le plus passionné de ses admirateurs et il lui offrit après la représentation de Ruy Blas un pendentif en forme de larme taillé dans le diamant : " La larme du poète ", fort ému par la prestation artistique de Sarah en Doña Sol. 

Plus tard, Edmond Rostand la surnomma pour la postérité " reine des attitudes et princesse des gestes ". Une petite anecdote : lors de la première de l'Aiglon fut installé "le théâtrophone ", le théâtre par téléphone. Ceci, afin qu'Edmond Rostand souffrant puisse l'écouter de son chevet. Le son sans l'image, un événement pour l'époque, en 1900 !


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24 août 2013

Aldo Zargini






Toute poésie part d’une année zéro, la sienne,
porteuse aussi d’une longue histoire, de l’Histoire
comme destruction. Voilà pourquoi il y a peu de poètes,
et encore moins de poésie.



Aldo Zargini


Né dans une famille juive de Turin, Aldo Zargani a été comédien et a longtemps travaillé pour la RAI, où il a occupé des fonctions administratives de 1954 à 1994. Il vit à Rome depuis 1976 avec sa femme Elena.
Il a publié en 1995 un livre fort remarqué Per violino solo dans lequel il évoque son enfance dans les années sombres de l'Italie fasciste entre 1938 et 1945, l'enfance d'un « enfant effrayé et indigné1. » Ce livre a été traduit en français, en anglais, en allemand et en espagnol.
Aldo Zargani estime avoir fait deux expériences déterminantes dans sa vie: la première est celle d'une enfance juive dans l'Italie des lois raciales, la seconde, à l'âge de 61 ans, l'écriture et la publication d'un livre, Per violino solo, qui pour revenir à la première, fait appel à une mémoire désormais lointaine, parfois infiniment précise, parfois conduite comme malgré elle sur les chemins de la fiction.
C'est ce rapport au passé et à la vérité, presque expérimental, qui confère à ce livre, sa force unique, au-delà même de l'humour et de la grande vigueur littéraire de l’auteur. Trois de ces nouvelles, toutes inédites en italien, ont été publiées en 2008 chez Alidades, sous le titre de L'Odeur du lac.


Pour violon seul : mon enfance dans l’en-deçà, 1938-1945
de Aldo Zargani
Editeur : Eclat


RÉSUMÉ DU LIVRE
Depuis que le père de l'auteur est renvoyé de l'orchestre de la Radio diffusion italienne, du fait des lois raciales anti-juives, l'enfance d'Aldo Zargani se déroule entre les déménagements à la sauvette, les errances tragi-comiques d'une ville à l'autre, sans que jamais l'espoir de retrouver la lumière ne soit perdu. L'auteur relate les premiers émois amoureux, la peur, l'amour des proches.

23 août 2013

Elias Jacques Canetti

 

Elias Jacques Canetti, fils d'une famille juive séfarade, naît en 1905 dans la ville de Roustchouk (actuellement Roussé) sur la rive sud du Danube en Bulgarie à la frontière roumaine. Ses parents, Jacques Elias (Elieser) Canetti et Mathilde née Arditti, sont issus tous deux de familles de commerçants juifs séfarades fortunés.
De nombreuses nationalités, ethnies et langues se croisaient dans cette région. Canetti lui-même, dans le premier tome de son autobiographie, le commente : « (...) et l'on pouvait entendre parler sept ou huit langues dans la journée. Hormis les Bulgares (...), il y avait beaucoup de Turcs (...) et, juste à côté, le quartier des séfarades espagnols, le nôtre. On rencontrait des Grecs, des Albanais, des Arméniens, des Tziganes. Les Roumains venaient de l'autre côté du Danube (...). Il y avait aussi des Russes, peu nombreux il est vrai. ». À la lumière de son œuvre, on comprend que cette multitude de cultures est symbolique d’un état d’esprit européen avant la lettre chez Canetti et a en fait présagé de son futur cursus culturel à travers l’Europe. La première langue qu’il parle en famille est l’espagnol des séfarades : le ladino.
Bien que la Bulgarie obtienne son indépendance totale vis-à-vis de l’Empire ottoman en 1908, Canetti conservera la nationalité turque. Deux frères naissent en 1909 et 1911, respectivement Nissim et Georg.
En 1911, la famille déménage en Grande-Bretagne à Manchester pour que son père puisse rejoindre l’affaire florissante montée par deux de ses beaux-frères suite au décès de l'un d'eux. Puis en 1912, c’est la subite mort du père de Canetti à l’âge de 31 ans. Après ce traumatisme, les Canetti décident de déménager à Vienne en Autriche; ils s'arrêtent en chemin à Lausanne en Suisse, pour quelques mois : c’est là que Mathilde prodigue à son fils, de manière très coercitive, ses premières leçons en langue allemande, uniquement utilisée auparavant entre elle et son mari. L'allemand, si l'on tient compte de toutes les langues parlées dans la famille, n'arrive qu'en cinquième position dans l'éducation du jeune Elias. Il s'agit pourtant de sa deuxième « langue maternelle » stricto sensu. C'est uniquement avec cette langue qu'il bâtira son œuvre, et il lui restera fidèle en tout temps, même en exil.
En 1916, les Canetti quittent l’Autriche et s’établissent à Zurich en Suisse : Elias va passer la plus marquante partie de son adolescence dans cette ville avec laquelle il tissera des liens singuliers. Rapidement et pour des raisons de santé, Mathilde retourne à Vienne et son fils aîné reste seul à Zurich, confié à un pensionnat de jeunes filles (où il est l’unique garçon), afin de pouvoir mener à terme ses études au Gymnasium (lycée). Il passera en 1924 son Abitur (baccalauréat) à l’issue de trois années scolaires passées à Francfort, en Allemagne. À cette époque, c’est déjà le monde de l’art et de la littérature qui le séduit, mais sa famille le presse de suivre un cursus universitaire sérieux.
On sait Canetti fort préoccupé par la connaissance que pouvaient apporter les premiers mythes de l'humanité. Poursuivant ma lecture des Années anglaises, j'avoue que tel article paru dans The Independent le 11 juin, ne laisse pas de me fasciner et fait écho en somme aux intuitions les plus profondes de l'auteur, même si nous ne savons encore rien de la langue parlée par la civilisation première, j'ai envie d'écrire : primesautière, dont il est fait mention dans ce papier. 
En 1947, Canetti écrivait significativement (Le territoire de l’homme , Le livre de poche, coll. Biblio, 1998) : «Pour moi, les mythes signifient plus que les mots. Par cela, je diffère profondément de Joyce. Mais j’ai aussi une autre façon de respecter les mots. Leur intégrité m’est presque sacrée. […] En tant que poète, je vis encore au temps d’avant l’écriture, au temps des appels». Et encore, cette fois dans les Notes de Hampstead (Le Livre de poche, coll. Biblio, 1999) : «Les noms : de tous les mots, les plus énigmatiques. Une intuition, qui me poursuit depuis des années et provoque en moi un trouble grandissant, me dit que l’élucidation de leur nature réelle nous livrerait la clé de l’Histoire. […] Il est évident que tout mythe se rattache au nom. Dans le mythe, le nom est encore frais [c'est moi qui souligne]. Dans les religions, il s’épuise en se démultipliant. Les grandes religions représentent le plus énorme épuisement de noms qu’on puisse imaginer, tout en leur restant liées même dans cet état d’extrême dilution». 
Elias Canetti, Les années anglaises



Après les trois volets de son autobiographie - La langue sauvée, Le flambeau dans l'oreille et Jeux de regard -, Elias Canetti, prix Nobel de littérature et témoin majeur du XXe siècle, s'est penché sur ses " années anglaises ". Rassemblée et ordonnée après sa mort en 1994 à l'instigation de sa fille, cette suite fragmentaire et inachevée de l'" Histoire d'une vie " mêle journal intime et galerie de portraits. Emigré à Londres dès 1939 avec sa femme Veza, Canetti se fait le témoin de l'Histoire et brosse un brillant panorama de la vie britannique pendant et après la guerre. De l'aristocrate au balayeur des rues, il observe avec curiosité les mœurs et le caractère des Anglais, peinant lui-même à s'intégrer dans ce monde dont il dénonce la suffisance et la froideur sous le masque de la courtoisie. Gens de lettres, savants, historiens, politiciens sont croqués avec une causticité redoutable, comme T.S. Eliot, Iris Murdoch ou Margaret Thatcher. Mais Canetti côtoie également, avec plus de bonheur Kokoschka, Bertrand Russell ou Anna Mahler, et se fait une poignée d'amis précieux, Anglais ou Viennois émigrés comme lui. Outre leur intérêt documentaire, ces réflexions et ces portraits reflètent la personnalité profonde et secrète de l'auteur de Masse et puissance, œuvre majeure dont il entreprend la rédaction à Amersham pendant le Blitz.




Peu de choses, dans cet ouvrage, sur les noms, leur pouvoir étrange car, hormis quelques savoureuses anecdotes sur des personnages anglais célèbres (comme le rire démoniaque de Bertrand Russell, la hargne avec laquelle Kathleen Raine cherche à gravir les échelons de la société, encore l'intelligence d'Enoch Powell et un portrait au vitriol d'Iris Murdoch, ancienne maîtresse de l'auteur), la lecture de ces Années anglaises posthumes n'est pas d'un intérêt fondamental pour le lecteur familier des principaux ouvrages de Canetti. L'ouvrage, selon Jeremy Adler qui en a écrit une éclairante postface, constitue un «véritable panorama de la vie anglaise», dont les trous et les béances, que Canetti acceptait comme le témoignage du nécessaire inachèvement de toute vie (et, de façon remarquable, de toute vie de créateur), avaient pour charge secrète de triompher de la mort de l'auteur, en obligeant le lecteur à accepter de ne point tout savoir et, partant, à admettre qu'il en savait moins que le rusé fantôme de l'écrivain. Il est étonnant tout de même de constater la facilité avec laquelle Canetti, exilé à Londres dès 1939 et jusqu'en 1971, a pu sans trop de peine fréquenter tout ce que l'Angleterre comptait d'intelligences et de célébrités, comme T. S. Eliot, l'immense poète pour lequel il n'a jamais de mots assez durs (ainsi parle-t-il des «crachats d'un raté» à propos des vers d'Eliot), alors que ses goûts littéraires (et peut-être aussi son amitié, qu'il ne mentionne guère) allaient vers un autre poète, Dylan Thomas. A le lire, lui, le pauvre écrivain allemand dont seulement quelques lecteurs anglo-saxons passionnés connaissaient à l'époque son roman, Autodafé (Die Blendung), il semblerait tout de même qu'il ait pu devenir le centre d'attraction des raouts les plus prisés, un peu à la façon dont George Steiner, dans Errata, évoque lui aussi ses prestigieuses amitiés, dont quelques-unes si je ne m'abuse étaient bien connues de Canetti (comme Bertrand Russell). Je ne puis résister au plaisir de noter (p. 53) cette remarque borgésienne dans les entrelacements qu'elle suppose : «Il [H. N. Brailsford] s'intéressait alors à tout ce qui avait trait aux Balkans mais aussi aux juifs d'Espagne et avait acheté à vil prix sur un barrow l'ancienne édition (XVIIe siècle) de l'histoire des Turcs, de Rycent. Cet ouvrage est d'une grande importance parce qu'il contient une biographie de Sabattai Zevi écrite à son époque. Brailsford m'offrit ce livre pour la seule raison que j'étais juif d'origine espagnole. C'était l'ouvrage le plus ancien de ma bibliothèque et il valait sûrement une fortune. Je l'offris plus tard à Gershom Scholem lorsqu'il me rendit visite à Hampstead.»

22 août 2013

David Rosenmann - Taub

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David Rosenmann-Taub est né le 3 mai 1927 à Santiago du Chili dans une famille d’origine juive émigrée de Pologne. Poète et compositeur de musique contemporaine, il étudie la philologie hispanique à l’Université et publie, à l’âge de 22 ans, son premier recueil, Cortejo y Épinicio, qui suscite l’engouement de la critique. Après le coup d’état de 1973, il quitte le Chili, voyage en Amérique latine et en Europe, puis s’installe aux États-Unis où il poursuit dans la discrétion une œuvre exigeante, originale et profonde, qui fait de lui l’une des grandes voix méconnues de la poésie contemporaine.

Il enregistre un grand nombre de ses compositions pour piano. Parmi celles-là: Abecechedario (Abécédaire), Morir para Nacer (Mourir pour Vivre) et Fuegos Naturales (Feux Naturels).
Il rassemble la collection de ses propres dessins exécutés au cours de sa vie, dont la série Alarde (Parade), et La Bofetada (La Gifle). Il continue à dessiner.
Il écrit d’abondance. Il révise le second, le troisième et le quatrième volume de Cortejo y Epinicio, La Mañana Eterna (Le Matin Éternel), et les douze volumes de Los Despojos del Sol. Il prépare une édition de El Cielo en la Fuente avec ses propres commentaires, et un livre de commentaires sur une sélection de ses poèmes, qui est en train d’être traduit en anglais et en français. Ses oeuvres poétiques, quand elles seront publiées dans leur totalité, compteront plus de quarante volumes.

En 2000, Corda, fondation à but non lucratif, est créée pour préserver, disséminer, et étudier l’oeuvre de Rosenmann-Taub.

En 2002, LOM ediciones publie une nouvelle édition de Cortejo y Epinicio (Volume I) ; en 2003, El Mensajero (Le Messager), Volume II de Cortejo y Epinicio ; en 2004, El Cielo en la Fuente et La Mañana Eterna (Le Ciel dans la Fontaine et Le Matin Eternel) en un seul volume, et País Más Allá (Pays Au Delà) ; en 2005, Poesiectomía (Poésiectomie) ; en 2006, Los Despojos del Sol, Anandas I et II (Les Restes du Soleil), et En un lugar de la Sangre (Dans un lieu du Sang), recueil accompagné d’un CD et d’un DVD; en 2007, Auge (Expansion) ; en 2008, Quince (Quinze), livre de commentaires par l’auteur sur quinze de ses poèmes, avec un CD dans lequel il les lit ; en 2011, La Opcíon (L’Option), volume III de Cortejo y Epinicio.

Traductions de son oeuvre et anthologies :

Italie : E poi, il vento, Andrea Lippolis Editore, anthologie bilingue de Sabrina Costanzo (2010)
Espagne : Me incitó el espejo, DVD Ediciones, anthologie de Álvaro Salvador et Erika Martinez (2010)
India: Quince, Kaurab editions, Kolkata, traduit en Bengali par Subrahnsu Banerjee (2010)
Mexique : El horizonte cruza la casa, Collección “La Abeja De Perséfone”, anthologie de Victor Toledo (2011)
France : Cortège et Épinicie, Éditions Bruno Doucey, édition bilingue de Cortjeo y Epinicio I, traduction de Luc Brébion (2011)
Argentina : Multiverso, Editorial Mansalva, anthologie de Jorge Monteleone (2012)

David Rosenmann-Taub est un vrai poète qui vit au milieu d'un monde dans lequel chaque apparition est doté d'un sens symbolique, ce qu'il fait, un peu contre son gré, le frère de ces innombrables actions, des moutons pour le serpent. 

La poésie s'est engagé poésie engagée, sans aucun doute. Attachée à la douleur de vivre, commis à la solidarité de la douleur. Entendre ce cri:

Man lèche ... la terre et la terre tombe à l'homme. 
L'homme pénètre dans la terre. 
Et le cri de la terre humidifie le front de l'homme.

La terre avec sa profonde cavité 
Lit de lumière, 
prépare sommeil. 
Nous devons dormir du sommeil de la terre 
Vous devez dormir. 
Dormant. 
Appuyer sur la terre 
un emplacement de front. 
Serrer les ongles et la bouche et de la soif 
la cascade terres du son 
sa boîte turbulent 
navigation de paix.

Comme cri de l'eau, le temps entre la terre des os. 
Va être endormi. 
Il se demande si la saleté goût de rêve. 
Et le dormeur ne sait pas s'il faut dire 
"I" 
ou de se taire ... 

[La parade nuptiale et Epinicio, première édition: LXVII de poème.]


Oscillant entre l'acceptation et le rejet radieux plein d'horreur, mais c'est la bonne attitude du poète et mystique. 

Ce lyrisme de l'agonie est très proche de notre cœur. 

PoéJ'ai remarqué que même la meilleure musique n'est composée que selon un seul point de vue et je me suis toujours demandé, « pourquoi pas deux ou trois ? ». L'art est précisément l'expression d'une volonté d'échapper à cette subjectivité limitée. Comment être plus objectivement subjectif et plus subjectivement objectif ? L'idée de « variations » manifeste implicitement l'intention de dire la même chose selon un autre point de vue. Dans le roman, cet effort d'échapper à la limitation de la subjectivité, de regarder le même sujet selon différents angles, a été mis en oeuvre par Proust : « Aujourd'hui, je ne suis pas la même personne que celle que je serai demain, et ce que je pense aujourd'hui n'est pas exactement ce que je pensais hier. » Comment s'approcher de cette vérité ? Je veux au moins tourner autour du sujet et ne pas l'observer uniquement sous un seul angle. La détermination d'arriver à ce résultat peut aussi être constatée dans le domaine de la peinture; c'est bien clairement le cas des autoportraits de Rembrandt, où il semble dire : « Le sujet de ce portrait change, non seulement extérieurement, mais aussi intérieurement. » Ceci a été l'une de mes motivations.


Si j'écoute un morceau de Beethoven, la Appassionata par exemple, je pense : « Oui, c'est vrai, lundi après-midi de trois à quatre heures. Mais que se passe-t-il à cinq heures ce lundi-là ? Le dirait-il de la même façon ? Et que penserait-il de ça un an plus tard? »

Un angle, qu'il soit grand ou petit, n'est qu'un angle. Pourquoi pas plusieurs angles ? Au moins peut-on s'y efforcer ! Je peux tourner autour d'une sculpture ; je ne la regarde que d'un côté et voilà ! Ce n'est pas comme ça qu'on regarde une sculpture ou quelqu'un. Comment dire que je connais quelqu'un si je suis en sa présence seulement pendant une minute ? Quelle que soit la profondeur de cette minute, je ne peut pas prétendre que je connais cette personne entièrement. Pourquoi ne pas rester avec cette personne une autre minute ou une autre journée ? Ces dernières années, j'ai composé de la musique comme de la sculpture sonore, traitant du même sujet sous de nombreux angles. Que je sache, personne d'autre ne s'est lancé dans une telle entreprise.


David Rosenmann-Taubsie amère et déchirante de David Rosenmann-Taub, proie, aujourd'hui, de toutes les angoisses de l'avenir.
17 février 2013

C'est ici que je termine l'histoire des juifs

C'est ici que je termine l'histoire des juifs d'Europe,   depuis Vienne jusquà nos jours, histoire que longtemps j'ai méconnue, nos parents et grands-parents l'évitaient avec la crainte de devoir en parler, occultée.

j'ai ici fait un devoir de mémoire en hommage aux artistes, écrivains, peintres, musiciens d'origine juives et tout ceux et celles qui ont péri aux camps et chambres à gaz.

 Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des "insoumis". Sans eux, c'en est fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimions et qui donnait à notre présence sur terre une justification secrète." André Gide

André Gide

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16 février 2013

Nathalie Zajde

C'étaient de petits enfants juifs en France durant la guerre. Ils étaient destinés à périr dans les camps de la mort. Ils ont été cachés et miraculeusement sauvés. Quelles stratégies psycho- logiques ont-ils adoptées en réponse à l'injonction paradoxale qui leur était adressée : "Ne sois plus toi si tu veux être. Ne sois plus juif si tu veux rester en vie" ? Comment en sont-ils restés marqués ? Comment l'ont-ils dépassée ?

Nathalie Zajde dessine ici le portrait d'une vingtaine de ces enfants cachés, anonymes ou célèbres, comme Boris Cyrulnik, Serge Klarsfeld, Saul Friedländer, André Glucksmann. Ils ont tous développé une surprenante intelligence du monde et un amour de la vie. Ce livre montre qu'il est possible de surmonter les événements traumatiques vécus dans l'enfance à condition d'y puiser une force particulière et d'accepter de se penser dans sa singularité, à condition de ne pas faire comme si cela n'avait pas été. Une leçon de psychologie du quotidien pour surmonter les difficultés de l'existence.


Nathalie Zajde est maître de conférences en psychologie à l'université Paris-VIII et travaille au centre Georges-Devereux, au sein de l'équipe d'ethnopsychiatrie du professeur Tobie Nathan. Elle a créé en France les premiers dispositifs de prise en charge psychologique des enfants cachés et descendants de survivants de la Shoah. Elle a notamment publié Enfants de survivants et Guérir de la Shoah.








"On appelle "enfant caché" un survivant qui a, enfant, dû se cacher et dissimuler son identité afin d'échapper à l'arrestation, la déportation et l'extermination pendant la Shoah. Durant cette période, cet enfant a généralement été séparé de ses parents et du judaïsme." Tels sont les premiers mots du livre remarquable de Nathalie Zajde, maîtresse de conférences en psychologie à Paris-VIII : Les Enfants cachés en France...

A travers ce livre très profond, on le comprend peu à peu, l'auteur n'évoque pas seulement la situation terrifiante de ces enfants pendant la Shoah. En des termes très délicats, Nathalie Zajde nous parle aussi de notre modèle social et culturel d'après-guerre, de notre modèle d'intégration et d'assimilation, dans sa violence euphémisée, dans sa violence banalisée.

Les enfants cachés en France
Auteur : Nathalie Zajde
Date de saisie : 20/03/2012
Genre : Biographies, mémoires, correspondances...
Editeur : Odile Jacob, Paris, France
Collection : Sciences humaines
15 février 2013

Lenke Rothmann


Après la guerre, Lenke Rothman est transportée par la Croix-Rouge à Malmö.
Le père de Lenke Rothmans est enterré dans une fosse commune à Wels en Autriche, son frère a survécu et est arrivé en Suède en 1947. En Suède Lenke soigne dans les hôpitaux et les sanatoriums pendant six ans. elle commence la peinture.

Lenke étudié la peinture dans les années 1950 à Konstfack. Jusque dans les années 1970la peinture a été son moyen d'expression principal, puis elle est s'engage dans des formes de collages et mixtes. Ce sont surtout les travaux ultérieurs, de collages et d'assemblages avec des matériaux mixtes, qui ont fait sa renommée. Elle a réuni des dessins de tissu, maille, papier brûlé (méthode étudiée au Japon) et les objets trouvés dans les œuvres d'art fragile, forte et expressive Ces travaux portent à la fois la douleur et de la réconciliation, ils sont comme des incantations, des images, des personnages, des représentations de ce que les mots ne peuvent exprimer.



Elle a également travaillé avec des sculptures, des livres et des films.Dans ses souvenirs reviennent art et les dépôts des événements traumatisants de sa jeunesse. L'une de ses dernières oeuvres célèbres sont "Songs" à partir de 1995, une sculpture permanente au Musée de Göteborg de l'art. s La sculpture est un moulage d'un tronçon de rail à laquelle est attaché est une boule colorée. Contrastes entre ces objets du quotidien et les associations qu'ils donnent ne laisse personne indifférent .

En 1960, Lenke Rothmann sa première expositionà la Galerie Sture. En Février de cette année a ouvert ses cadeaux dernière exposition de la culture Dunkers à Helsingborg. Il a été montré qu'en mai 300 de ses peintures, collages, sculptures, objets, livres et films, où elle parle à Andy Warhol. Thème dans la plupart des œuvres étaient la perte, de la vulnérabilité . Dans une interview en 2005, elle a déclaré : «La question qui m'occupe est de savoir comment la vie doit être sauvegardé et préservé de la destruction en cours."


15 février 2013

Nelly Sachs


Au lendemain de la Shoah, Nelly Sachs accepte la publication de son œuvre en refusant toute réédition de ses écrits antérieurs à la guerre. Tout ce qu’elle écrit est marqué par le mysticisme juif, par la tragédie de l’anéantissement, ainsi qu’en témoignent les titres de ses poèmes – Dans les demeures de la mort, Route vers le néant de toute poussière, Même ce soleil est apatride, Les Cheminées de pierre – et un texte autobiographique sur la peur dans les dernières années vécues à Berlin – Vie sous la menace. Un de ses plus célèbres poèmes, ô les cheminées, commence ainsi :

ô les cheminées
Sur les demeures de la mort si bien imaginées
Quand le corps d’Israël monta dissous en fumée au travers de la fumée
Comme une étoile qui devint noir…


Elle découvre les conférences d’Hugo Bergmann sur les grands philosophes du judaïsme, rencontre Lenke Rothmann, jeune femme peintre d’origine hongroise, survivante des camps, entretient à partir de 1957 une correspondance très intense avec Paul Celan, lit les contes hassidiques, la Bible, le Zohar, la Kabbale.
Survient la mort de sa mère, en 1950. Nelly traverse une grave dépression. D’autres crises prendront un caractère paranoïaque, si bien qu’elle sera hospitalisée pendant de longues périodes dans des hôpitaux psychiatriques. Ces épisodes délirants, que Nelly Sachs qualifie d’ « effroyables » dans ses lettres à Paul Celan, se poursuivront jusqu’à sa mort. Cependant, malgré la maladie psychique, malgré un cancer auquel elle succombera, Nelly Sachs continuera d’écrire, notamment des poèmes scéniques d’inspiration juive et biblique :

Eli, mystère de la souffrance d’Israël
Abraham dans les déserts de sel
La chute de Samson traverse les millénaires
En vain sur un bûcher
Qu’est-ce qu’une victime ?


La Suède accorde à Nelly Sachs la nationalité suédoise en 1953, l’Allemagne découvre son œuvre et lui décerne en 1960 le prestigieux prix Droste de la ville de Meersburg. Pour le recevoir, Sachs accepte de se rendre pour la première fois dans son pays natal depuis son émigration, mais ne reste qu’une journée sur le sol allemand, avant de rejoindre Paul Celan à Zurich. Ils se retrouveront quelques jours plus tard à Paris. Au retour de ce séjour exaltant à Paris, durant lequel Nelly Sachs séjourne chez Paul Celan et sa femme Gisèle Lestrange, elle sombre dans la dépression et est hospitalisée pour la première fois dans un service psychiatrique. En même temps que sa notoriété ne cesse de grandir.
Nelly Sachs se voit décerner le prix Nobel de littérature le 10 décembre 1966, puis est faite citoyenne d’honneur de la ville de Berlin l’année suivante. Malgré cette reconnaissance internationale, Sachs est à nouveau hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. La maladie l’accable : infarctus en 1967, nouvelle hospitalisation dans une clinique psychiatrique en 1968, opération d’un cancer au printemps 1969. Au terme de plusieurs séjours à l’hôpital, Nelly Sachs devient grabataire. Autour du 20 avril 1970, Paul Celan se suicide en se jetant dans la Seine ; le 12 mai suivant, Nelly Sachs meurt à Stockholm. Elle avait peu de temps auparavant écrit à son cher Celan, dont l’œuvre est aussi née de la Shoah : « Nous vivons tous deux au pays invisible. » Dans la solitude et l’exil, elle avait noté en 1956 : « Le plus haut souhait sur terre : mourir sans être assassiné. »
15 février 2013

Simone Susskind

Portrait

Je suis une fille de réfugiés juifs d’Europe Orientale qui ont été des sans-papiers dans les années 30 et qui ont reconstruit leur vie en Belgique après avoir survécu au génocide nazi.
D’où ma sensibilité immédiate pour les sans-papiers et ceux et celles qui cherchent un refuge dans un des pays européens, que ce soit pour échapper à des conflits violents ou à la misère économique chez eux.

Je suis née à Bruxelles et j’y ai toujours vécu.

Mon identité

Mon identité juive a été à la base de mes engagements politiques et associatifs.
Pour moi, c’est une identité laïque, ouverte et humaniste et qui peut contribuer à améliorer les relations entre groupes d’origines diverses en partageant ses expériences et en développant une meilleure connaissance des « autres ».
C’est dans ce but que j’ai animé des groupes de discussion entre Juifs et Arabes à Bruxelles.

Durant des années, j’ai travaillé au Centre Communautaire Laïc Juif, dont j’ai assuré la présidence entre 1985 et 1996. J’y ai aussi pris de nombreuses initiatives dans le domaine culturel : festivals de culture, conférences, festivals de cinéma, colloques.

Israéliens et Palestiniens, une paix possible

La paix entre Israéliens et Palestiniens est pour moi un combat de tous les jours ; je sais depuis très longtemps, qu’il n’y aura pas d’avenir possible  pour les deux peuples sans une reconnaissance mutuelle de leurs droits et la création d’un état palestinien viable à côté de l’état d’Israël, dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Des Palestiniens et des Israéliens se sont retrouvés à de multiples reprises à Bruxelles, dans le cadre d’initiatives que mes amis et moi-même avons prises.
J’ai réuni des femmes israéliennes et palestiniennes dans le cadre d’une rencontre qui a fait date : « Give peace a chance – women speak out » (mai 1989) et qui a mené à une réelle coopération sur le terrain malgré des obstacles parfois insurmontables.
Je travaille maintenant avec des femmes des deux peuples et des femmes de haut niveau international avec l’objectif qu’elles puissent influer les processus de négociations formels et informels, dans le cadre de la «Commission internationale des femmes pour une paix israélo-palestinienne juste et durable » (IWC).

Femmes et démocratie

J’ai toujours pensé que la démocratie ne peut être complète sans une participation équilibrée des femmes à tous les niveaux de la vie politique, économique et culturelle, que ce soit dans notre pays ou dans des régions où le chemin à parcourir est encore plus difficile.
J’ai eu la chance de mettre en présence des femmes européennes et des femmes du Sud de la Méditerranée et de construire avec elles des stratégies permettant un partage plus équitable des rôles et des responsabilités dans leurs sociétés.
C’est le Gouvernement belge qui a négocié, à mon initiative, et obtenu de la Commission européenne qu’elle accepte de lancer un programme euro-méditerranéen pour le renforcement des femmes dans la vie économique (2005).

Je suis de très près l’évolution et la prise de conscience chez les responsables politiques de la nécessité de prendre en compte l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les politiques de coopération, particulièrement avec les pays du monde musulman.
Je me suis impliquée dans le processus qui a mené au lancement d’un plan d’action pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes dans toutes les dimensions du partenariat euro-méditerranéen (Conférence ministérielle d’Istanbul, novembre 2006).

La musique adoucit les mœurs?

Music Fund : mes amis et particulièrement l’initiateur du projet de collecte d’instruments de musique pour la Palestine et Israël, Lukas Pairon, me considèrent comme une des « muses » du projet.

Sans exagérer, je pense que ce projet de coopération dans le domaine de l’enseignement de la musique, la distribution d’instruments de musique collectés en Belgique, en France et en Allemagne ainsi que la formation de luthiers en Palestine et en Afrique est une manière nouvelle et presque intime de nouer des liens avec des jeunes dans des pays en conflit.

Les droits de l’Homme

Le respect des droits humains est intrinsèquement lié à toutes ces actions. Je ne puis imaginer que ces combats aient la moindre chance d’aboutir dans des contextes non-démocratiques où règnent la corruption et les atteintes aux libertés fondamentales, où la liberté d’expression n’est pas respectée et où le pouvoir est assuré par des dictateurs.

14 février 2013

Anita Lasker Wallfisch

 

Je me rappelle la première rencontre. J'avais treize ans.
D'abord, il me toisa. Debout. Adossé contre le mur. Premier trouble. Odeurs de feuilles mouillées, copeaux charnus, sapins d'automne. J'osai le toucher. Vernis lisse, doux. Ses bras. Son corp

Anita Lasker-Wallfisch
s de bois contre le mien, jusque dans la chaleur du cou. Entre mes jambes, ses courbes de salamandre.
L'archet s'orienta, telle une branche cherchant le soleil ou la flaque de pluie. Je ralentissai mes gestes, les précisai.
Je le découvrais, peu à peu. Timide et fascinée.


Première caresse. La corde tinta, crissa. Bruit de pièce retombant pile-face sur la pierre froide du sol.


,Crin trop forcé.
Second coup d'archet, plus clair.

D'apprentissage en apprentissage, j'explorais les nuances de la voix, grave, féminine. Tessitures vocales offertes à la couleur, la chaleur, la blessure. Le son respirait, montait. Le son était une immanence, le long de mon corps- depuis la terre jusqu'au noeud de la gorge.

 

Ce violoncelle-là implorait, mais que demandait-il au juste ? De le caresser comme le petit pain dans ma poche jusqu'à -drôles d'idées?!-ce qu'il s'arrondisse autant que le ventre de mon professeur attentif, ou prenne la blondeur de sa peau, ou mieux la rondeur dorée de la lune qui m'attendrait tout à l'heure à la sortie tardive du cours? Oui, idées fantaisistes.
D'autant que ce violoncelle en réalité pleurait à chaudes larmes. Avait-il deviné -avant moi- que je devrais bientôt quitter la maison ?
Son chant était beaucoup, beaucoup plus lointain encore, une plainte que je ne pouvais atteindre, infinie : était-ce la voix d'Anita Lasker-Wallfisch, déportée avec ses parents et sa sœur, arrivée à Auschwitz à 18 ans, tatouée 69 388 sur le bras gauche, qui discutait avec une femme, mais qui ? La nièce de Gustav Mahler, Alma Rosé ou comment un violoncelle sauve une vie.

 

Il est connu que du violoncelle émane la sonorité la plus proche de la voix humaine.
Comme d'autres cordophones, il est pourvu en outre d'une âme, cette petite pièce de bois à même de sauver la goutte d'humanité dans un orchestre à Auschwitz. Ceux qui connaissent le sentiment du déracinement -même moins tragiquement- trouvent une sève dans la musique, en particulier le violon ou le violoncelle, nomades entre tous les instruments.


L'âme du violoncelle emmène loin dans une vie, elle donne à ce point la force d'affronter les choses que sa chair d'écorce reste à demeure en vous.
Un luthier, toujours aujourd'hui, à chaque exil me porte dans ses bras, me protégeant, m'enveloppant dans la tradition de Crémone comme dans son manteau.

Le violoncelle, ce coffre chargé de sens et de mémoire oubliée, cette voix humaine que j'entendais de si loin...se pourrait-il que j'écrive par simple nostalgie de sa note perdue ?
Écrire : la voix ne se pose-t-elle pas comme l'exact lieu de passage entre le corps et l'esprit ?

 

L'âme est une voix. La voix est une âme.

 

Les cordes, effleurées, caressées, pizzicato, les cordes cassent, tout revient à la lumière et je n'oublie rien.

 

Rien de rien, chante une petite môme sombre.


A cet instant de la rencontre, entre mes pieds et les étoiles, l'infini était devenu le lieu où je jouais.

Sylvie-E. Saliceti

Sonia Wieder-Atherton, Prière, extrait de Chants Juifs,

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